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jeudi 30 avril 2015

Fast & Furious 7, de James Wan : Vers l'infini et l'au-delà



C'est qu'on aime ça, dis donc.

  Après s'être débarrassé (il n'y a guère d'autres mots !) de certains de ses personnages dans le film précédent, Fast & Furious 7 fait face à un problème majeur lors de sa production : le décès accidentel de l'un des acteurs principaux, Paul Walker. Comment s'en sort le film, à l'aune de cette perte spectaculaire ? Et surtout, Fast & Furious 7 (sept !) a-t-il quelque chose à prouver à son public ?

Dans l'attente d'en savoir plus, c'est à une valse de l'excès que s'essaie F&F7. Le générique avec Jason Statham signe d'emblée la signature de la série, scelle son sort en quelque sorte : le film sera fou, bourrin, et loin d'être subtil. Vin Diesel est toujours aussi monolithique et s'essaie tant bien que mal à la philosophie pour transmettre les émotions de son personnage. Oubliées, les  vaines tentatives de street racing. De ce point de vue-là, Need for Speed avec Aaron Paul et Imogen Poots sorti l'année dernière est presque plus satisfaisant. Mais ce serait ignorer la mutation de la série des F&F depuis le quatrième épisode, qui passe du film de beaufs sans enjeux à celui de gigantesque film d'action fun et sans retenues, mêlant ses thèmes lourdingues de famille et d'honneur à des intrigues de pouvoir et d'argent (j'arrondis les angles).

Wesh la famille, gros!

De famille, il en est inévitablement question dans F&F7. Brian O'Conner s'essaie à une vie de famille posée tandis que Dom réunit la bande pour faire face à Deckard Shaw souhaitant venger la chute de son petit frère Owen dans F&F6. Dans les coulisses, on imagine à peine la douleur d'avoir perdu Paul Walker, membre fondateur de la fratrie après presque 15 ans a avoir tourné ensemble. Très régulièrement, F&F7 prépare ses adieux, par un regard à la dérobée de Jordana Brewster ou un tête-à-tête pompeux entre mecs. Passé ces moments, le film utilise enfin son visuel de foire pour préparer le terrain de la façon la plus spectaculaire qui soit : et le réalisateur James Wan (Insidious, Death Sentence), honnête artiste, s'en sort infiniment mieux que Justin Lin qui finissait par faire n'importe quoi sur F&F6 (cette horrible scène finale dans l'obscurité la plus totale). On passe à une technique bien plus performante et lisible, embrassant avec encore moins de gêne qu'à l'accoutumée l'invraisemblable opération en cours, quels qu'en soient les enjeux (une histoire de vengeance, d'extraction de hacher, de logiciels espions). Pour preuve, nos gangsters du dimanche finissent par faire les marioles dans les lieux les plus exotiques qui soit, ce à quoi la série n'aurait jamais osé imaginer à ses débuts.

Épuisant à regarder, le film en rajoute sans cesse dans l'étalage indécent de filles en bikinis, de voitures plus clinquantes les unes que les autres, et escalade la charte du film d'action avec un déterminisme ahurissant. Il faut voir le visage déconfit de Kurt Russell accueillir la bande de guignols et leur donner carte blanche, saluer l'intermède à Abu Dhabi où tel Michael Bay dans Transformers 2, James Wan dégomme des pièces de musée, avant d'exploser le centre-ville de Los Angeles à coups de roquettes. Et à chaque instant, le film est joliment jouissif, en particulier grâce à son casting dont la saga s'est fait le plaisir de convoquer quelques "grands" noms : The Rock a une présence électrisante et s'octroie de bonnes punchlines débiles, Jason Statham est enfin terrifiant et massacre à tout va, Djimon Hounsou joue un méchant roublard de second plan, Tony Jaa fait sa démo et s'en va dans un plan génial ("too slow!"), la combattante de MMA Ronda Rousey remplace Gina Carano, et le reste du casting est à l'avenant, jouant entre grosse beaufitude vulgaire et éclats de rire conquis. Seule la pauvre Jordana Brewster est une fois de plus condamnée à jouer les femmes au foyer apeurée, alors qu'on la sait possible de tellement mieux…

Tant qu'il y aura Jordana...
*légers spoilers*

Et si le film joue pendant très longtemps de son cortège funèbre et du poids de cette perte, le personnage de Paul Walker, Brian O'Conner, est tiraillé entre les excès de la vie de bad boy et la réalisation qu'il doit bel et bien se ranger pour le bien de sa famille. "One last ride", qu'il lance à son beau-frère et sa femme. Et le film, de le placer dans les situations les plus violentes et compromettantes à sa santé, où l'on se demande si l'intrigue aura les cojones de faire passer le personnage à trépas, pour boucler la boucle et lui offrir un dernier baroud d'honneur. Mais le film refuse de le laisser partir ainsi (trop facile ?), et bien que l'aveuglement soit de rigueur, James Wan trouve une meilleure porte de sortie par une mise en abîme aussi kitsch que sincère (et très consciente d'elle-même), dans laquelle la bande de pieds nickelés offre à Brian O'Conner un dernier hommage : abandonnant le blondin à sa vie de famille, en paix, avant de nous laisser avec une compilation du plus mauvais goût, recouverte d'un voice-over dégoulinant de Vin Diesel (l'acteur, pas son personnage). Pour couronner le tout, l'insert hésitant d'un Paul Walker circa 2001 fait bien pitié, mais il résume assez bien les Fast & Furious : pas très finauds mais toujours plein de cœur.


J'en profite pour saluer avec toujours plus d'admiration les couples qui viennent en cortège assister au nouveau Fast & Furious : entre les sauts à popcorn et les rires gras, on dirait que madame ne réalise même pas avec quel humour beauf indécrottable son joli couple se fait mener en bateau.

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Une featurette sur le lâcher de voitures
Interview de Jordana Brewster (en anglais)
Dire au revoir à Paul Walker (en anglais)




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