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mercredi 9 octobre 2013

Sortie ciné : GRAVITY, de Alfonso Cuarón

"Ground control to Major Tom..."
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Nouveau film du réalisateur Alfonso Cuarón, Gravity est attendu comme le Messie depuis deux ans suite à l'annonce de sa mise en chantier : on y suivrait deux astronautes en orbite autour de la Terre, dont la station est détruite par une pluie de débris. Autre qu'en terme de scénario, toute l'ambition du film est de représenter une expérience dans l'espace telle que jamais vue auparavant, à des années-lumières des films de science-fiction qui nous font rêver depuis des années, et basée sur la simple réalité des lois de la physique dans ce milieu inhospitalier.

De sa propre initiative et après avoir raisonnablement attendu que la technologie nécessaire soit disponible, Cuarón s'y attelle après deux gros films américains : en premier lieu, Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (2003) dont il s'acquitte plus qu'honorablement : il est le seul réalisateur à avoir laissé une empreinte originale à la saga (dont ce volet est considéré à juste titre comme le meilleur du lot) ; il a aussi à son actif le film d'anticipation Children of Men (2006) projetant Julianne Moore et Clive Owen dans une dystopie pessimiste où l'humanité arrive en bout de course - à la clef, l'un des plus beaux films de genre de la dernière décennie. C'est dire si on a attendu que Alfonso Cuarón revienne sur les écrans, digne représentant d'une branche mexicaine de réalisateurs ambitieux (dans un genre différent, Guillermo del Toro nous faisait les honneurs cette année de son Pacific Rim).

Assisté d'une technologie de pointe ahurissante, Cuarón arrive en une poignée de plans à nous introduire à son concept de haute-voltige, et nous démontre comme la vie dans l'espace est inhospitalière. Pas d'oxygène, des températures impossibles à gérer pour un corps animé et l'absence de gravité qui fait voler en éclat tous les repères (justement) spatiaux : tête en bas, Sandra Bullock bricole un panneau tandis que George Clooney se balade autour de la station : il n'y a guère que notre bonne vieille Terre, gigantesque, en orbite et qui ne se retient qu'à elle-même pour servir de repère. Occupés à flotter à la fois si loin et si près de la Terre, un vertige terrifiant nous prend de court. Mais le réalisateur a encore beaucoup de choses à nous montrer, et cette entrée en la matière en forme de plan-séquence de 12 minutes (qui introduit ses personnages et sa situation) est un sommet du genre, un tour de force, en somme, une putain de séquence dont on reparlera pendant encore des années.

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Là-haut, un seul point de repère pour ne pas devenir fou : cette bonne vieille Terre

Tout a été recréée pour offrir l'expérience la plus viscérale possible, mais aussi la plus réaliste quant aux fonctions de vie dans l'espace : entouré de scientifiques et de chercheurs, Alfonso Cuarón ne s'est rien refusé et cherche à être le plus authentique possible, à la manière d'un James Cameron, tatillon comme pas deux, qui expérimente encore et toujours.
Quant à la stricte technologie qui permet à Sandra Bullock et George Clooney de dériver dans l'espace, elle repose entre autres, sur l'utilisation du Volume de James Cameron (créée sur Avatar et qui permet d'imaginer tous les angles de vues possibles autour d'un objet), sur une nouvelle technologie simulant une gravité 0 et le choix de tout régler en pré-production pour ne garder des acteurs que les visages, incrustés digitalement à l'intérieur des combinaisons. Autant dire que le film lui-même est le produit d'années d'expérimentations en terme d'effets spéciaux et de photographie pour reconstituer l'expérience la plus tangible possible - il en faut tellement peu pour se désintéresser de l'action grotesque qu'on voit sur les écrans à longueur d'années, que l'équipe ne se risque à rien de moins que la perfection : et le rendu est monstrueux. Les techniques conjuguées de tous ces éléments est parfaite, et le ballet de cadres appelle à une sacrée maestria… avec en bonus, l'utilisation la plus rigoureuse de la 3D depuis... toujours ? (Ok, peut-être Avatar) : appliquée à Gravity, la technologie maintenant bien rodée permet une immersion stupéfiante dans un film pensé pour être vécu de l'intérieur (des stations, du cockpit, des casques), buée à l'appui. Les bonus du Blu-ray risquent d'être une mine d'information à consulter sans relâche pour les prochains voulant s'essayer au genre… en attendant, Alfonso Cuarón peut décompresser, il a redéfini un sommet à surpasser.

Car rien n'est laissé au hasard : trajectoire des corps, gestion des débris dans l'espace (et dans le cadre), chorégraphie des éléments étrangers à cet environnement naturel, et surtout, familiarisation auprès d'une technologie existante nous permettant présentement de voyager dans l'espace. En plus d'être une leçon de cinéma telle qu'elle ne peut que décourager quiconque s'essaiera à marcher sur les traces de Cuarón (on le dit une fois pour toutes, les plans sont d'une beauté à couper le souffle), le film interpelle un temps en se faisant le témoin des moyens humains actuels en terme d'exploration spatiale : une belle façon de saluer les architectes de cette épopée.

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George Clooney s'est foiré au manège, il a laissé échapper la queue de Mickey

L'expérience est tétanisante et anxiogène au possible, grâce au rendu hyper immersif de la réalisation. Il faut appréhender tout un nouvel environnement : des gestes au ralenti, l'absence de son, une liberté de mouvement entravée (par la combinaison, le casque) et le flottement perpétuel, sans prises. Il suffit au réalisateur d'adopter les points de vues (limitées physiquement) des personnages enfermés dans leurs combinaisons pour réaliser comme la thématique de survie est à tout point extrême. Le film se permet des moments tétanisants de beauté, où la fascination d'être aussi loin l'emporte parfois momentanément sur le besoin d'avancer. Sandra Bullock et George Clooney sont parfaits, Alfonso Cuarón sait clairement diriger ses acteurs et leur offrir des scènes sublimes d'introspections où il explore l'humanité d'êtres au bord du gouffre, dont la résilience commente avec humilité de la détermination de l'homme (malgré son postulat de base assez simple, le scénario est vraiment malin et réserve quelques surprises autres que techniques). On pourrait classer Gravity au rayon des survivals, mais Cuarón balaie bien vite tout le genre (familier du vidéo-club) du revers de la main pour nous servir une expérience bien plus effrayante et ultime, dont le All is Lost de J. C. Chandor (avec Robert Redford) s'annonce comme un chouette parent éloigné, dans lequel un moussaillon lutte seul contre les éléments.

À la sortie de salle, on retrouve, hagard, la terre ferme qu'on avait quitté 90 minutes plus tôt. On ne l'imaginait plus aussi colorée et luxuriante, et elle est le siège d'un nouveau défi : se réaccoutumer aux lois pragmatiques de la physique, subir la gravité de Newton et de nouveau, se tenir debout avec l'horizon comme repère, en guettant les étoiles avec avidité.

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Kubrick aurait été fier.

Sans faire dans l'effet d'annonce facile, Gravity est-il le film de l'année ? Pour l'instant, rien ne laisse supposer que Cuarón se fasse griller la politesse...


Pas de trailer pour ne pas se gâcher l'effet de surprise et visionnage en Imax si possible !
Sortie en France le 23 octobre.


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Pacific Rim, le film de "l'autre réalisateur mexicain"


3 commentaires:

The Uncle Sam a dit…

C'est beau ! Bien dommage que les cinémas ne se bousculent pas à mon horizon. (L'Imax ça sera un autre world). Peut-être me rattraperai-je sur nos écrans d'ordis du futur ? (non je déconne)

Tentative4 a dit…

A mon sens le truc le plus génial de ce film c'est moins les plans séquences que les coupes. Franchement au début j'étais là genre "wha, le plan séquence de ouf", un peu comme pour Children of men quoi, mais en fait très vite j'ai eu l'impression que Cuaron coupe à peu près à chaque fois qu'il a quelque chose à y gagner. Le mec est trop loin, au lieu de simplement se balader avec sa prouesse technique qui met tout le monde à genoux (techniquement, je vois pas ce qui aurait pu l'empêcher de faire le film en un seul plan), il s'occupe avant tout de ce qui arrive à son personnage pour caler sa mise en scène.

Bon ceci dit mon moment préféré est en contrepoint de tout ça : c'est un plan fixe (ou tout du moins un moment fixe d'un plan) quand Sandra Bullock essaie de dévisser un truc dans l'espace, et que pendant qu'elle regarde pas y a son outil qui commence à se barrer. La seule raison pour laquelle je me suis pas mis à crier "PUTAIN SANDRA BULLOCK, RAMASSE CE TOURNEVIS TOUT DE SUITE NOM DE DIEU !" c'est qu'il y avait des gens autour de moi. A ce moment-là dans ma tête y avait plus de film, plus réalisateur, plus de plan, y avait juste cet enculé de tournevis qui se faisait la malle comme un gros traître.

(bon c'était pas un tournevis mais t'as compris l'idée)

(Bonjour au fait)

mrWak a dit…

C'était magique à lire, merci! Je tâcherai de me caler sur ce point de vue si je revois le films un de ces jours... (sans ironie hein)