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jeudi 20 juin 2013

Série TV : Game of Thrones - Saison 3 (HBO) :
Toutes les larmes de l'enfer

"Chaos is a ladder. The climb is all there is".
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  Reprise des affrontements avec cette saison 3 démarrée en mars dernier, laquelle prend un rythme de croisière très rapide au lendemain de la bataille de Blackwater : King's Landing a été en partie sauvé par Tywin Lannister, patriarche à la poigne de fer tirant les ficelles du pouvoir, tandis que du côté des Stark, Robb continue son avancée au sein des armées adverses, ses deux frères poursuivent une progression erratique à travers le Royaume et Jon Snow est constitué prisonnier de l'autre côté du Mur. Comme en début de saison 2, la famille Stark est en fuite, entre cheminement personnel et quête existentielle, à de multiples points du royaume, et personne ne sait vraiment où tout cela va converger : chacun a un but précis, dans l'ignorance la plus totale d'évènements ayant déjà changé la donne. C'est d'ailleurs l'une des données tragiques du show : l'avancée aveugle de protagonistes déjà en prises avec toute la misère du monde.

Pourtant Game of Thrones n'est pas une série qui essaie de gagner du temps. Au contraire même, tant la densité du texte à adapter commande une attention de tous les instants pour ne pas trop s'égarer, et rester conscient des choix requis. Cette exigence de narration a fait pourtant beaucoup pour le succès de la série, qui s'est faite la spécialiste des coups tordus et autres retournements de situations, grâce à la plume de son auteur, George R. R. Martin. Et en effet, il est très dur de se tenir à l'abri des révélations ébranlant en continu le petit royaume de Westeros ; rarement une série aura imposé ainsi son rythme de parution, aujourd'hui où les réseaux sociaux sont omniprésents et où chacun y va de son émoi. Lequel, bien réel face à certains des rebondissements de cette saison, confère à instaurer Game of Thrones comme une série immensément populaire malgré son apparence de produit geek (des guerres entre seigneurs dans un univers féodal, a priori ça n'allait pas plaire à tout le monde, et ça ne plaît d'ailleurs toujours pas à ma sœur), rassemblant une foule disparate de spectateurs.


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Margeary Tyrell, nouvelle playeuse déjà bien adroite

  Alors que la saison 2 se concentrait en partie sur le point de vue central de Tyrion Lannister (Peter Dinklage), la saison 3 se disperse en terme d'espace pour embrasser un maximum d'intrigues, recouper les destins de ses personnages et bien sûr, en imposer de nouveau.
Parmi les thématiques abordées, celle de la tragédie familiale à grande échelle est une composante essentielle de la saison : du côté des Lannister, les plus inspirés peuvent en rire (chapeau à Diana Rigg), entre nouvelles alliances forcées par intérêt. La famille Tyrell, menée par Olenna Tyrell, se greffe sur cet imbroglio familial tressé de faux arrangements et de coups bas à venir en puissance.
Inquiet face à la multiplication des personnages indignes de confiance à la cour, le spectateur se demande légitimement ce que trame Margeary, toute offerte à Joffrey malgré les mises en garde et les recommandations qu'elle recherche auprès de Sansa. Le personnage apparaissait comme une arriviste manipulatrice en fin de saison 2, ici, son arc narratif lui donne ici l'occasion d'ajouter beaucoup d’ambiguïté à son jeu. Alors, manipulation perverse ou véritable aspiration à bien faire ?

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Ygritte, bien plus que le rôle de sauvageonne à laquelle on la cantonne

  On le savait, le rôle des femmes dans la série n'est plus à sous-estimer depuis longtemps :  présentes à égale mesure que les hommes, elles manipulent, conseillent ou assistent, et sont en général une force de la nature sur lesquelles compter.
- Brienne de Tarth et sa storyline, quoique accessoire, concoure à un renversement des aprioris les plus tenaces : le Kingslayer, bien diminué par son voyage, pourrait nous faire ressentir un début d'empathie qu'on ne soupçonnait pas poindre pour ce personnage crâneur.
- Ygritte, qu'on rencontrait dans la saison précédente, reste l'intermède de Jon (ainsi qu'un puissant catalyseur de réactions confuses) auprès de son peuple et de leur rôle dans les affrontements à venir. Le cheminement du fils illégitime de Ned Stark, jusqu'alors légèrement déceptif, prend un tour inattendu et proprement émouvant grâce à Ygritte (Rose Leslie, parfaite), qui achèvera sa démonstration du désormais classique et cinglant "You know nothing, Jon Snow". En effet, le bastard child de Ned Stark a encore beaucoup à apprendre, mais beaucoup d'espoirs secrets reposent sur lui.
- La jeune Sansa, toujours otage des Lannisters, se voit contrainte à la collaboration dans un rôle qu'elle subit, tandis que Shae est toujours présente auprès d'elle et de Tyrion en tant que dame de compagnie, quand bien même un singulier triangle des relations s'impose à elle.
- Osha poursuit son chemin avec les deux enfants Stark, Bran et Rickon, bientôt rejoint par un frère et une sœur à la quête mystique. Et rayon mystique, la prêtresse Melisandre n'est pas en reste...
- Enfin, Catelyn Stark, mère courage exemplaire, s'attribue des moments à fendre le coeur dans les premiers épisodes, au moment des bilans, tandis que Daenerys continue à s'ériger en maître de guerre terminal à l'écart des préoccupations agitant Westeros. Son cheminement continue d'être le plus classique dans ce monde frôlant l'heroic-fantasy, mais impossible de ne pas se ranger de son côté devant la prestation dure-à-cuire qu'elle offre. 


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Like a boss

  On peut chercher la petite bête en arguant que l'intrigue est plus compliquée qu'elle ne devrait l'être ; effectivement, on peut résumer en quelques lignes les trajectoires de chacun au cours de cette saison. Mais la narration repose entièrement sur sa pléthore de personnages et leurs soucis immédiats, dressés en parallèle les uns des autres. Le rythme de la narration, toujours dense, exige une certaine attention dès que surgissent des personnages secondaires qui prennent un rôle de premier plan le temps de quelques scènes. La saison dresse une cartographie des relations humaines pleines de bassesses et de ténèbres, où l'espoir est bien mince.
Dans la perspective la plus cruelle qui soit, le show va dans ce sens et nous offre à de rares moments la (fausse) joie de voir enfin des membres d'une famille réunis, retrouvailles systématiquement interrompues desquelles naissent une frustration terrible. À peine entrevus, déjà séparés.

À l'image des White Walkers qu'on retrouvera en tout début de saison dans leur avancée inexorable vers le Sud, les dangers sont pour l'instant bien plus humains et tangibles, si l'on en croit la pression continue qu'exerce la famille Lannister sur les différents belligérants. C'est à peine si l'on tique devant l'introduction totale d'éléments fantastiques faisant basculer tout l'univers de Westeros dans la dark fantasy la plus excitante.

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Une destination de vacances à oublier, après le passage de la Khaleesi

  HBO reprend la formule inaugurée par sa première saison : nous plonger dans des tourments insondables où se mêlent frustration, impuissance et colère. Ce qui semble un peu exagéré, si ce n'était pour l'intense sensation de désarroi qu'on peut avoir face à certains épisodes. C'est avec ce décalage que l'on capte à quel point la série TV a fini de se retrouver à la confluence de différents courants, s'irriguant et s'inspirant les uns des autres : richesse de la littérature, puissance du cinéma et format télévisuel sont ici brassés avec efficacité.
La saison partage une construction similaire à la précédente, où après une explosion de violence d'autant plus bouleversante qu'elle est inattendue pour les non-lecteurs du roman (et incroyablement bien réalisée, entre théâtralité et sens de l'emphase), se termine sur un épilogue replaçant ses pions sur un échiquier pour le coup en piteux état : fratries dispersées, familles séparées, alliances forcées, et tout cela, alors que les protagonistes clairement érigés en ennemis commencent à montrer quelques dissensions, des fêlures dans leur organisation. La guerre est-elle vraiment terminée, à l'image de ce que certains protagonistes annoncent crânement ? Vu la pièce maîtresse de tragédie qui vient de s'opérer sous nos yeux ahuris, on est pris par le doute.

"Valar Morghulis" (all men must die), comme le dit la maxime imposée à une majorité de personnages, qui continuent d'apprendre à la dure, alors que les puissants de ce monde sont encore très nettement à l'abri du besoin. Peut-on s'attendre bientôt à une redistribution drastique des cartes ?
C'est dans cette attente, peut-être inutile, de justice divine (puisque la vengeance des hommes semble impuissante) que réside toute la force épique de la série.

Rendez-vous dans un an.




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