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mercredi 29 février 2012

Le coin ciné: Xavier Dolan, The Thing, Fright Night, Martha Marcy May Marlene

Au programme cette semaine: coup d’œil sur Xavier Dolan, deux films de genre récents (The Thing - remake, et Fright Night) et la sortie ciné de la semaine (Martha Marcy May Marlene - 29 février 2012). Pêle-mêle, c'est plus facile.

J'ai tué ma mère, Xavier Dolan, affiche, posterLes amours imaginaires, Xavier Dolan, affiche, poster

J'ai tué ma mère (2009) et Les Amours Imaginaires (2010) de Xavier Dolan.
Deux films d'un réalisateur canadien à la maturité extraordinaire malgré son jeune âge. Steven Soderbergh disait qu'il n'aimerait pas être un cinéaste débutant à notre époque, Xavier Dolan semble s'en sortir parfaitement bien, au sein d'un système visiblement plus permissif et organisé que le nôtre. Dans le premier film, il explore la relation houleuse entre une mère et son fils avec une fraîcheur et une dureté implacable. Le personnage du fils et de la mère ont tous les deux leurs torts, mais tentent de coexister l'un avec l'autre, le plus souvent dans l'échec ; dans l'autre film, Xavier Dolan condense violemment le récit d'une amitié mise à rude épreuve, au sein d'un triangle amoureux. Dans les deux cas, il existe un travail du cadre de tous les instants et bien souvent, une recherche de la douleur pour se sentir exister.

Le bien-nommé Les Amours Imaginaires (ces regards en coin mal interprétés, ce jeu des corps perdus) dégage en succédané le malaise d'une génération s'éveillant trop tôt ou trop tard, au travers d'êtres trop sensibles pour s'épanouir librement. Les saynètes sont le plus souvent drôles quand le regard du réalisateur se pose avec discrétion sur les émotions de ses personnages, mais le malaise guette sans cesse. En bonus, quelques répliques cinglantes en québécois qui font mouche à chaque fois.

Et il y a de superbes passages comme celui-ci :




**Changement de style brutal avec deux films de genre:

The Thing, remake, 2011, prequel, affiche, posterThe Thing (2011) de Matthijs van Heijningen Jr.

L'anomalie rectifiée. Dans la vague incessante de remakes inutiles qu'Hollywood met en chantier tous les ans, celui de The Thing n'avait aucun sens tant le film de John Carpenter (réalisé en 1982) reste à ce jour l'un des mètres étalons du genre. Finalement, le projet se défend d'être un long prologue au film classique et tâche de revenir aux sources de l'histoire en exploitant tout ce qu'on connaît déjà, reprenant fidèlement les sentiers balisés sentant bon la nostalgie : le vaisseau-mère, le cercueil de glace, les transformations, les lances-flammes... en remplaçant Kurt Russel par Mary Elizabeth Winstead (qu'on aime beaucoup).

Le film ne retrouve jamais la force de l'original (malgré une scène de couloir bien tendue) et reprend les passages obligés du film de survival en milieu clos de Big John. L'idée de faire de Ramona Flowers une espèce de Ripley marche vaguement quand on la laisse faire, et les tentatives d'élargir l'univers sont tolérables malgré la fadeur ambiante (alors que la photographie est très belle). Si les effets spéciaux permettent des transformations absurdes et horribles, pile dans la lignée de ce qu'on était en droit d'attendre, leur impact est considérablement minimisé par leur étalage numérique grotesque.
La déception est donc bien là, mais dans un ultime sursaut de bonne volonté, le réalisateur propose dans son générique de fin quelques derniers plans reliant son film à celui de Carpenter, pour boucler la boucle.


Fright Night, remake, affiche, poster, Marti Noxon, Craig GillepsieFright Night (2011) de Craig Gillepsie

Remake teenager de Vampire, vous avez dit vampire? (1985), Fright Night n'est, malgré sa démarche, pourtant pas totalement honteux. Chapeauté par Marti Noxon (productrice de Buffy et Angel), le film part sur la même trame qu'un Fenêtre sur cour (dont Disturbia était déjà un remake déguisé), où le voisinage n'est pas forcément ce qu'il semble être : piste sur laquelle le geek Ed (Christopher Mintz-Plasse de Superbad et Kick-Ass), comme échappé d'un film de Judd Apatow, ne cesse de tanner à notre héros Charley (Anton Yelchin), incrédule. L'occasion d'un dernier petit tour des années lycées où, une nouvelle fois, les amitiés se délitent, chacun prend son envol et tâche de s'accomplir avant de peut-être y passer : survivre, déjà l'un des thèmes centraux de la série de Joss Whedon.

Il y a dans le film de Gillepsie ce petit quelque chose que Disturbia instillait déjà en nous, spectateurs européens élevés à l'école de Spielberg : la banlieue et son univers cloisonné, son fantasme d'adolescence américaine, cette sensation de vivre dans une oasis clairement délimitée à l'horizon pourtant infini. Le générique a d'ailleurs parfaitement intégré cet esprit d'isolation purement américain, avec cette histoire de banlieusards... de Las Vegas.


Il règne dans ce Fright Night un parfum d'insouciance, mais aussi une belle réappropriation et réutilisation du folklore vampirique, notamment grâce à un Colin Farrell moitié badass tournant autour de la mère de Charley. Laquelle Toni Collette, dépêchée par le réalisateur après l'arrêt de la très bonne série United States of Tara, semble poursuivre sur la voie de son personnage qui aurait éventuellement guéri et mènerait une vie calme dans la banlieue. Y titube aussi David Tennant, deuxième Dr Who des années 2000 dans un numéro d'illusionniste mystique qui pourrait faire basculer tout le projet dans le grand-guignolesque s'il n'était pas un personnage de pure façade tombant en miette devant Charley, l'ado qui en sait trop.

Imogen Poots, Anton Yelchin, Fright Night, 2011
Prise d'otage ultime, le personnage de petite copine impliquée est campée par Imogen Poots, d'une beauté surréaliste à mesure que le film s'assombrit. Son museau pointu et son accent anglais (ricochant avec celui de David Tennant) y sont sans doute pour beaucoup et permet au film de Craig Gillepsie de développer ce petit côté sournois qui titille nos mélancolies d'anciens jeunes.


**On finit avec la sortie ciné de la semaine:


Martha Marcy May Marlene, poster, affiche, pic, Sean Durkin, OlsenMartha Marcy May Marlene (2011) de Sean Durkin

Il ne fait pas toujours bon s'égarer dans les campagnes américaines ; loin des îlots de paix, les forêts du Kentucky (Justified), celles des Ozarks (Winter's Bone) et finalement, celles des Catskills, semblent recéler d'individus peu recommandables, au moment où la tension du film d'horreur s'amenuise pour laisser place à une menace bien plus prégnante, aux fondements sociaux bien réels, ancrés dans une réalité palpable.

Où l'on découvre Martha en même temps que sa sœur qui la retrouve après deux ans d'absence. Aux moyens de flashbacks et d'un habile montage, son passé et son présent mettent en relation ce qu'elle a vécu et ce qu'elle assimile à son retour. Rebaptisée Marcy May après son arrivée dans une communauté retranchée, Martha découvre une façon de vivre différente, sous le commandement de Patrick, leader charismatique. L'aliénation progressive de l'individualisme telle qu'elle est décrite provoque un certain malaise, dans des scènes où peu à peu Martha prend de l'importance dans la secte qui l'accueille. La résurgence progressive des acquis qu'elle exploite pour gagner sa place fait froid dans le dos, jusqu'à l'ultime remise en question.
S'ensuit un onirisme anxiogène se manifestant à mesure qu'elle constate, effacée, sa désocialisation au contact de ceux qui l'entourent. Nantie d'un désir de vivre toujours étouffé par les fantômes de son passé, sa fuite en avant est sans cesse interrompue. En cela, le film pose simplement les jalons d'un parcours difficile, celui d'une survivante tâchant de se reconstruire ; projet compliqué, tant Martha semble désorientée après ses changements d'identités (l'énigme du titre), de cadres et de vies.

Elizabeth Olsen campe Martha avec une réelle abnégation, et semble dotée à l'inverse de ses sœurs d'une belle humanité. John Hawkes, dans le rôle de Patrick, est proprement effrayant, à l'aune de son rôle dans Winter's Bone l'année dernière (siège d'une autre révélation majeure, celle de Jennifer Lawrence).
Largement recommandable.


**Avant de se quitter:

L'émission Opération Frisson de Yannick Dahan revient ce mois-ci sur The Grey/Le Territoire des Loups de Joe Carnahan qui sort ce 29 Février, l'inédit The Ward de John Carpenter (DVD) et la sortie de Shaolin de Benny Chan (DVD).
A télécharger absolument (la vidéo n'est plus disponible en ligne sur le site de Canal+), notamment pour la chronique de The Grey et l'évocation de concept de films, de cadres, de séries B, ces choses-là même qui nous font vibrer !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime aussi beaucoup Xavier Dolan et le fait qu'il soit si jeune m'impressionne encore plus !
Il est actuellement de terminer son prochain film Laurence Anyways pour lequel il est fort possible qu'il soit en compétition à Cannes en mai.
On peut trouver plus d'infos sur ce site : http://www.touscoprod.com/project/produce?id=116

mrWak a dit…

Merci pour ce commentaire, effectivement le lien nous donne plus de détails que la fiche Imdb, qui annonce que le film est déjà en post-prod... Vivement la suite !