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mardi 11 mai 2010

Sortie ciné : Kick-Ass, de Matthew Vaughn


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Kick-Ass, un cri du cœur qu'on hurle en sortant de la séance. Énième film de super-héros pour les uns, projet indé iconoclaste pour les autres, Kick-Ass a, dès le début de sa publication aux États-Unis, le vent en poupe.
Facile, quand à la base du projet on trouve Mark Millar et John Romita Jr, deux superstars incontournables du comics : Mark Millar vient de signer chez Marvel le crossover Civil War, projet alors le plus couillu de la maison d'édition à l'issue duquel Captain America se fait assassiner, laissant orpheline pendant longtemps la galerie de personnages Marvel. C'est aussi à lui qu'on doit Wanted chez Top Cow (depuis mal adapté en film, on en parle là) et la mini-série Old Man Logan dans lequel un Wolverine à la retraite se balade dans une Amérique post-apocalyptique. En termes de réputation, John Romita Jr n'a rien à lui envier de par son association pérenne avec Marvel, pour laquelle il a dessiné Spider-Man de façon continue pendant des années. L’artiste au trait caractéristique très carré, enchaîne les projets et n’est jamais avare en cadres tout simplement magnifiques, le rendant très populaire auprès des fans.

Annoncé à grand renfort de publicité, produit en indépendant avec les moyens qu'ils ont à leur disposition (Millar publie dans les pages du comics la liste des comic-shops les ayant soutenus), Kick-Ass #1 sort début 2008 et cartonne immédiatement. Il fait bon s'appeler Millar et Romita Jr à ce moment-là. Au moment de la sortie du deuxième numéro, tout s'emballe, on parle d'un film, les droits du comics s'apprêtent à être vendus, bref, c'est la folie et surtout un coup d'éclat magnifique à destination de tous les éventuels artistes se destinant à la réussite. Fort de ses nouveaux personnages et de son intrigue si simple qu'elle en devient parfaite (et si toi, dans ta crasse normalité, décidais de devenir un super-héros), Mark Millar laisse couler l’encre et compose avec les retards de son compère John Romita Jr, rappelé chez Marvel pour signer quelques arcs de Spider-Man qui sort alors (et toujours) au rythme effréné de trois numéros par mois (l'arc du retour s'appelle New Ways to Die dans Amazing Spider-Man #568, et depuis publié en France).

Ce n'est finalement qu'en mars 2010 que sort le 8ème et dernier numéro du premier arc de Kick-Ass, soit à peine un mois avant la sortie du film, tourné en parallèle et basé sur le comics - à quelques différences près. On n'aura pas vu collaboration plus étroite entre deux médias aussi différents : quitte à pousser le bouchon, le hardcover américain compilant les épisodes 1 à 8 de Kick-Ass sort au même moment que le film, et celui-ci se paie même le luxe de les montrer à l'écran dans l'une de ses dernières séquences - on vous le donne en mille - située dans un comic-shop. La boucle est bouclée.

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*Quelques spoilers ci-dessous pour ceux n’ayant pas vu le film – et quelques indications sur les multiples différences avec le comics*

Impossible de ne pas succomber aux attraits charmeur de Kick-Ass dès ses premiers instants : musique emballante passe-partout (Prodigy), storytelling proche du comics avec incrustation BD des repère de temps, et surtout, énorme travail sur la photographie rendant les couleurs chatoyantes au possible, composant avec une ombre ressemblant à un encrage réussi des personnages. Le tout fait que l’emballage externe de Kick-Ass est d’une splendeur indiscutable, confectionnant un écrin au poil pour un film pétaradant.
Très rapidement, Kick-Ass trouve sa légitimité à multiplier les références par son contexte de comic-book movie, produit en indépendant, supervisé par ses créateurs et sortant dans un paysage cinématographique détruit par les adaptations de comics dites adultes lorgnant du côté de la tragédie (The Dark Knight), parfois ampoulées (Watchmen) et croulant sous les déclinaisons à n’en plus finir. Se distanciant joyeusement du problème en se rattachant au réel le plus banal, Kick-Ass tombe à point nommé pour nous coller une bonne branlée, avec la maladresse de la première fois (celle qui fait saigner).

Partagé entre teen-comedy graveleuse et film de super-héros, Kick-Ass trouve un atout majeur en l’acteur Aaron Johnson, interprétant Dave Lizewski, ado lambda un brin révolté par sa triste condition. Loin d’un Tobey Maguire qui finissait par devenir fade en Spider-Man, le geek nouveau dégoté pour camper Kick-Ass fait plaisir à voir, quand bien même le scénario s’attarde moins sur ses atermoiements que ne le fait Sam Raimi avec ses personnages ; Les geeks sont les héros les plus prévisibles du cinéma par cette simple contradiction : personne ne les soupçonne, ce qui les rend capables de tout. Comme si l'indifférence polie (ou non) qu'on leur accorde les poussait à se précipiter sur les chemins de l'adversité pour finalement avoir quelque chose face à laquelle réagir. Dans le cas de Kick-Ass, c’est une opportunité à ne pas louper.

En fan-boy convaincu conscient du poids de ses aînés, Matthew Vaughn reprend insidieusement le parcours du super-héros le plus friendly tous univers confondus, Spider-Man, en appliquant ses codes généreusement dépoussiérés par Sam Raimi : Géographiquement, avec le foyer du héros, clairement situé dans le Queens comme le refuge que constituait la maison de Tante May pour Peter Parker. Entre les couloirs du lycée, les rackets, les jolies filles à l'ignorance glacée, on se retrouve en terrain balisé d'entrée de jeu. Plus tard, c'est même la scène du premier envol (le saut entre immeubles) qui est reprise dans son intégralité, à ceci près que Kick-Ass pose sa problématique dès son générique : Notre héros n'a pas été mordu par une araignée radioactive, ne porte pas d'armure volante confectionnée sur mesure (suivez le regard), n'a pas de pouvoirs magiques: il s'agit seulement d'un ado lancé dans un trip suicidaire et qui a tout à perdre à jouer au mariole en costume. Et là-dessus, le film n'a pas peur d'être ridicule, dans ses costumes et ses punchlines de débiles.

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"Ses punchlines de quoi ??"
 Si Mark Millar est surtout un petit malin, qui sait jouer habilement des codes du comics pour choquer gratuitement, il développe un propos intéressant dans Kick-Ass (le comics) en interrogeant constamment le rôle de voyeur de ses lecteurs : au choc de voir son héros se faire tabasser, le scénariste réplique par une série d'outrages encore pires par la suite. Millar provoque constamment son public par ses piques geek-friendly, et trouve même à intégrer complètement le concept de comics à son bouquin grâce à la back-story de Big Daddy, absolument révoltante et fustigeant des excès hors-normes.

Si le film trouve une liberté de ton fantastique de par son statut d'indépendant (friqué, faut pas pousser), le plus fou de la BD ne se retrouve pas dans le film de Vaughn. Curieusement, le film reprend quelques situations brillantes du comics pour les retravailler à la sauce blockbuster US : poussé dans ses derniers retranchements, le film se soumet au bon vouloir de la bienséance et tâche d'y trouver au mieux un humour désinvolte, ou sinon une violence gênante traitée à la rigolade (SPOILER: Parmi les changements significatifs, signalons la relation entre Dave et sa "copine", les motivations de Big Daddy et le dernier climax, hors-sujet).
Au final, le plus gênant tient à ses ruptures de tons fondamentales entre fun de la découverte (les déambulations de Kick-Ass, apprenti justicier) et horreur de la réalité. Mais noyé dans sa bande-son pétaradante et appelant au fun immédiat, son humour parfois mal posé et ses revendications artistiques, le film perd de vue son narrateur, le héros lui-même, embarqué dans son aventure (intelligence du scénario, le jeune Kick-Ass cite American Beauty pour évoquer l'effet narratif d'outre-tombe). Malgré le temps imparti, Vaughn et son montage empêche de poser une ambiance profitable à la subtilité nécessaire pour capter les changements de tons de ses personnages face à ce qu'ils vivent. C'est d'autant plus dommage que les figures connues ont ce qu'il faut pour relever le quotient émotionnel du film, de la petite copine (trahie) à Hit Girl (manipulée), sans parler de Kick-Ass, passant du stade d'apprenti héros à celui de vigilante hardcore, achevant le film dans une apologie glauque de comportements similaires mais difficilement imitables.

A trop vouloir en faire pour capter son époque dans son acharnement à la référence et montant ses patchworks avec plus ou moins de réussite, Matthew Vaughn essaie de faire du Tarantino (l'apogée étant son utilisation d'un thème de Leone) mais se retrouve plus souvent à faire du Guy Ritchie - pas subtil pour un sou dans son montage, ses effets de style et sa propension à toujours vouloir en rajouter dans un film mené tambour battant de bout en bout, malgré ses confortables 2h de métrage. De la baston Youtubée mal filmée car se passant du point de vue des spectateurs relayant l’information aux derniers soubresauts de la Hit Girl déifiée par la caméra (les plans en noir et blanc au ralenti), le cadre se remplit peu à peu d’un paquet d’artifices pas forcément nécessaires et qui peu à peu, font tâche.
Pour autant, Kick-Ass reste un divertissement complet et plutôt bien géré dans ses excès, appelant à mieux pour la suite.

L'autre changement gênant avec la transposition dans ce nouveau média, c'est le simple fait que Kick-Ass en tant que personnage se voit poussé au meurtre. De sang froid, pour se venger et mettre un point final à l’histoire. Par ce simple changement, le jeune Dave Lizewski perd ici toute humanité et empêche le retour à la normale de son personnage, piégé dans son rôle de vengeur et surtout de fugitif, forcé de vivre avec le poids d’une culpabilité qu’un Peter Parler ne pourrait supporter. Idéologiquement, la fin du film est un vrai problème, larguant les psychologies de chacun et voulant à tout prix s'éloigner de l'horreur de la BD. Le film prend alors ses aises avec un second degré fun, désamorce toutes les interrogations générée par le scénario original de Mark Millar, et embrasse l'excès propre au film, influencé par le comic-book : on se surprend à réaliser qu'une BD devienne plus crédible qu'un film, alors qu'une BD n'a de limites que l'imagination de son scénariste et les dessins de son dessinateur (en terme de simplicité diablement efficace, Kick Ass #8 se pose là).
Visiblement à l'aise avec ses "seulement" 30 millions de dollars de budget, le film se perd dans sa fin sur des combats semi-articulés, glorifiant une violence pré-adolescente et presque ridicule dans son acharnement à vouloir en faire trop, perdant toute la crédibilité accumulée précédemment. Au dernier sursaut de violence en haut d'une tour de Manhattan, on est tenté de s'extirper du film, désamorçant in fine tous les efforts du film pour nous ramener à la normalité du réel (remember, le propos initial du film) et sa brutale confrontation avec le monde.

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Attention, tout le monde va morfler !!
Le twist de la BD (Red Mist est le fils du vilain à abattre), impossible à reprendre en l'état dans le film sans prendre le public pour des idiots, oblige le scénario à repenser cet élément en l'incluant sereinement dans sa narration, suivant les parti-pris de chacun et entraîne le film ailleurs, dans des séquences plus ou moins nécessaires (l'entrepôt), gonflant le film jusqu'à nous rendre sympathique toute la galerie de tronches pas possibles et complètement anglaises du film : entre Mark Strong en big boss de fin de niveau et Jason Flemyng en valet au destin malchanceux, c'est une partie des habitués de Guy Ritchie (pote de Matthew Vaughn) qui tapent l'incruste et apportent un cachet de coolitude absolue au long-métrage.

Impossible de trouver mieux que Nicolas Cage pour camper Big Daddy. Tout simplement parce que après des choix de carrière désastreux où il campe avec toujours plus ou moins de crédibilité un héros sauvant la mise, ou tout du moins tâchant de le faire (Alex Proyas le castre en cours de chemin dans Prédictions), l'acteur a pris une dimension empathique tout simplement parfaite. Fatigué, les cheveux encore en pagaille et vêtu d'un cardigan de vieux papa, Nicolas Cage trouve dans le rôle de Big Daddy un dernier sursaut d'héroïsme mal placé, en mec dérangé cherchant à bien faire en enrôlant sa petite fille dans une guerre qui ne la regarde pas.
Bienséance du cinéma et nouveau public (plus seulement geek fou) obligent, le scénario s'allège de la vérité sur la back-story de Big Daddy, mettant à terre tout le monde dans Kick-Ass #7... Le film y perd en férocité mordante mais offre de beaux moments de bravoure à son personnage échoué, anti-héros magnifique et épave au combat perdu d'avance.
Sa relation très touchante avec sa fille, Chloe Moretz, est l’un des points réussis du film. Volant le show avec son rôle de Hit Girl, l’actrice est franchement impressionnante, entre langage très fleuri (le mot « cunt », impossible à faire passer au ciné en 2010 y est dignement représenté) et découpes en règle servant le côté subversif du film. La première scène montrant le père et sa fille annonce déjà la couleur, avec une complicité tranchant littéralement avec le côté vigilante animant le dynamic duo faisant écho directement à Batman et Robin, en plus expéditifs.

Bref, pari réussi pour Matthew Vaughn, qui, à l’époque débarqué en cours du navire X-Men 3, adresse un doigt d'honneur à l'industrie et récupère la licence de Marvel pour rebooter le tout et mettre en scène X-Men First Class l’année prochaine. Kick-Ass 2 est déjà annoncé pour une sortie en 2012, le temps que Mark Millar se penche sur le deuxième arc du comics, et que John Romita Jr nous époustoufle une nouvelle fois de ses traits si précis (le film le salue déjà au travers d’une scène dessinée par ses soins, en plus des portraits que peint Nicolas Cage).
Matthew Vaughn poursuit sa carrière peu inquiété, après son film de gangsters britanniques (Layer Cake, avec Daniel Craig avant 007) et le magnifique Stardust, conte de fée adapté d’un roman de Neil Gaiman, avec Claire Danes dans le rôle d’une étoile.

En attendant la suite, le leitmotiv est simple : SHUT UP. KICK ASS.

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Et les abrutis, de se réjouir.
 - Le premier tome de Kick-Ass est sorti en France en mars dernier chez Panini Comics, compile les 4 premiers numéros et coûte 11€. L'arnaque, appelant à un tome 2 au même prix qui ne devrait pas vraiment décider les lecteurs français à s'y jeter, surtout s'ils ont déjà vu le film...
- Le hardcover américain coûte lui 25$ et compile l'arc entier, composé de 8 numéros. C'est en anglais, c'est nécessaire.

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