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mercredi 6 janvier 2010

Sortie ciné: Bright Star, de Jane Campion

C'est mercredi (journée ciné). La programmation montréalaise m'ayant permis de voir en avance Bright Star, je reprends ici la courte chronique écrite à l'époque pour me caler sur l'actualité française.

Présenté au Festival de Cannes, Bright Star est le dernier film en date de Jane Campion, célébrée pour ses portraits de femmes au cinéma depuis de nombreuses années. Toujours hanté par le souvenir ténu du Orgueil et Préjugés de Joe Wright, c'est vide de tous préjugés que je me suis lancé dans cette nouvelle autopsie d'une Angleterre révolue, qui, si elle peine à se renouveler, fait toujours aussi plaisir à retrouver.
Car si on peut reprocher une chose à ces films se voulant d'époque, c'est qu'on y retrouve en général très rapidement la série de codes en vigueur, entre amours malaisés, échelle sociale à escalader et tragédies à affronter. Or, Orgueil et Préjugés parvenait à se hisser hors du lot par l'originalité du regard de son réalisateur, croisant direction d'acteurs rafraichissante, montage subtil et surtout, réalisation inspirée. Ici, Bright Star s'attache avec beaucoup plus d'académisme à suivre la jeune Fanny Brawne, entretenant une liaison avec un poète dans l'Angleterre du XIXème siècle : une situation de départ pas des plus réjouissantes, connaissant les états dans lesquels peuvent se mettre de pareils personnages pour survivre en pleine tragédie.


Dépendant de l'humeur de chacun, le film peut s'aborder différemment, mais rapidement une tendance s'affiche : on peut rapidement pencher vers le film martyrisant à outrance ses personnages (et le film réserve un lot de scènes hors du temps si insensées qu'on peut facilement choisir cette option), ou au contraire adhérer aux us et coutumes de l'époque (une étiquette restrictive au possible) et s'énamourer de ce folklore perdu à jamais, l'œil mouillé.

C'est finalement dans ces retrouvailles dociles avec le temps que Jane Campion parvient à nous émouvoir, dans une authenticité rugueuse nécessaire avec son casting minimum enfermé dans une maison voyant passer les saisons. Entre cadres étroits et tentatives forcées d'onirismes, le film traverse le quotidien lourd de stigmates d'une famille anglaise, se réjouit des quelques moments d'heureuses dispositions, et pose de jolis plans au passage. Au final, l'originalité qu'on pourrait trouver au projet réside dans le fait que le poète de notre histoire se trouve être John Keats et que loin de se reposer sur une biographie bien sage, Jane Campion prend le parti de s'attarder presque uniquement sur les épreuves que va traverser la jeune femme amoureuse de celui-ci. Comme une ligne directrice cadrant l'histoire, la vie du poète sert de bases de repères et la cinéaste brode autour l'histoire de Fanny Brawne (parfaite Abbie Cornish), amoureuse transie et muse d'une vie.
Un joli film aux codes entendus, mais impeccable dans sa retranscription d'un amour touchant, se clôturant dans un plan final parfait.



Bonus :
- Un humble essai sur Orgueil et Préjugés, film compagnon indispensable à une certaine Angleterre.

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