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jeudi 7 janvier 2010

Film du jour : Wanted, de Timur Bekmambetov (+ comparatif comics)



Wanted est encore un de ces produits allègrement balancé tous les étés par une Amérique avide de divertissements imbéciles. Pour autant, Wanted reste intéressant dans son traitement par-dessus la jambe et sa tentative d'instaurer une mythologie branlante, dont seul le pitch de base a été grossièrement gardé pour pouvoir ensuite adapter la sauce à l'infini (Wanted 2 est actuellement en production (Ndlr: abandonné depuis)).

A la base Wanted est un comic-book bien nerveux scénarisé par Mark Millar et dessiné par l'excellent J.G. Jones, une mini-série assez grotesque et délicieuse à lire pour qui digère bien les excès en tous genres. Teinté d'un zeste de pop culture et représentant un fantasme absolu de geek, Mark Millar nous présente, triomphant, la mort de tous les super-héros dont celle d'un ersatz de Superman. Sortis victorieux de ce combat, les super-vilains restants contrôlent toutes les arcanes du pouvoir et montent une société secrète de mercenaires chargés de servir leurs besoins. Capable de séduire n'importe quel fan-boy en manque de coups de cœur, Mark Millar emporte la timbale dans ce défouloir ambiant, comme il l'a encore récemment démontré avec la mini-série Old Man Logan, histoire alternative à l'univers Marvel projetant Wolverine dans un futur où il devra traverser les territoires réorganisés des États-Désunis.

Bref, Wanted est en soi un condensé féroce de violence où notre héros Wesley Gibson, apprend du jour au lendemain qu'il a une porte de sortie inattendu à sa vie de loser : il est le fils du plus grand assassin du monde et doit rejoindre une organisation secrète pour accomplir son destin.



Wanted
, tel que revu par le système hollywoodien, est une plongée dans le film d'action décomplexé, aux relents de comic-book se faisant fortement ressentir par la réalisation nerveuse de Timur Bekmambetov, débauché de sa Russie natale. Blindés d'idées parfois impressionnantes (certaines issues du comic-book), le film peine à réellement rendre crédible son univers mais rend son pétage de câble au bureau (post-Fight Club) bien sympathique dans une séquence tape à l'œil marrante. Les effets spéciaux en deviennent parfois tangibles tellement le réalisateur s'attarde à les rendre hyper sensitifs auprès du spectateur (on découvre plus tard pourquoi), le film essayant de faire ressentir toute altération des sens à son public. Le plus gros du travail est d'ailleurs réussi dans cette actualisation du bullet-time vite ringardisé et quoique gadget total, le propos du film se suit avec un vague intérêt quand on essaie pas de nous faire avaler des salades où James McAvoy (dont c'est le premier blockbuster américain) se prend pour le joueur de flûte de Hamelin.

Angelina Jolie, en mode anorexique, se contente de poser dans un rôle de femme forte monolithique qui lui colle à la peau ; dans le comic-book, Mark Millar avait demandé à J.G. Jones de s'inspirer de Eminem et Halle Berry pour représenter ses héros. On peut se demander ce qu'il en aurait été si cet étrange casting avait été respecté (après tout, Hollywood a déjà écouté Millar en demandant à Samuel L. Jackson de jouer Nick Fury dans Iron Man et The Incredible Hulk)


Regarder Wanted, c'est accepter de s'enfiler un hamburger assez gras où les fautes de goût sont plus que nombreuses, mais comme il ne s'agit pas de Michael Bay et qu'on arrive pas à se souvenir clairement du nom de Bekmambetov, on laisse passer. Terence Stamp et Morgan Freeman cabotinent et apportent une certaine classe à l'ensemble, premier blockbuster depuis longtemps où l'on se contrefout complètement des innocents sacrifiés directement à l'écran (cf. la scène du train).
Dans l'immédiat, Wanted donne envie de regarder les deux essais précédents du monsieur, Night Watch et Day Watch, deux premiers volets d'une trilogie décérébrée russe, réalisés pour chacun 4,2 millions de dollar, et rendant l'effet de 100 à l'écran. Le ticket d'entrée du réalisateur pour Hollywood.

Je recommande vivement aux fans de l'expérience de se plonger dans le comic-book, paru en un volume chez Delcourt, compilant l'ensemble de la mini-série.

1 commentaires:

LL a dit…

J'avais refusé en bloc de le voir au ciné en pensant que c'était un navet et au final, agréable surprise...Sûrement grâce à James !!